LeukosPokeRP - Retour a la realite

[La mission de sauvetage avait été une des plus difficiles de la carrière du ranger, même si elle n’avait rien eu d’officiel. Malgré la pénibilité de la tâche, ils avaient réussi, ils avaient récupéré leurs Pokémon et ils étaient parvenus à fuir, après que Damien a arraché une victoire difficile au Chef Mercure au Casque Démanta. Les pertes avaient été lourdes : un jeune Pokémon Poisson, Écayon, que Romy et Alec avaient évacué en même temps que Hermes, avait connu une fin tragique suite à la violence du combat qui les avait opposés au Chef de la base. C’est dans des conditions médiocres qu’ils lui avaient rendu un dernier hommage, en plongeant son corps recouvert de la veste ranger du rouquin dans les eaux agitées des Chutes Arc-en-Ciel. Quant à Gouroutan, Damien et les autres tinrent parole : ils lui rendirent la liberté qui lui avait été prise quand il avait été fait capturer par la Team Mercure. Avait-il un dresseur ? Ou était-il un Pokémon sauvage ? Ils ne le sauraient jamais. Le Pokémon était sage, ils espéraient qu’il retrouverait les siens par lui-même, s’il en avait encore.

Amber et Hermes retrouvèrent leur dresseur respectif, à la joie des deux concernés. Ils avaient été pris d’une certaine frustration quand ils s’étaient rendu compte que leur grotte n’était pas la bonne, mais le bonheur des retrouvailles leur fit rapidement oublier leur insatisfaction.

Malheureusement, c’est évidemment trop tard que la Police leukosienne arriva sur place pour coffrer les vilains : la Team Mercure avait déjà évacué les lieux, en prenant bien soin de les vider, Pokémon comme matériel. La structure métallique avait finalement tenu plus longtemps qu’espéré, et c’est après des fouilles minutieuses que la police prit la décision de condamner définitivement l’endroit en faisant sauter le reste des hangars. La nature reprit ses droits sur les bâtiments criminels. Si la Team Mercure s’était arrangée pour vider une grosse partie des installations, elle avait cependant commis quelques impairs, et laissé d’elle des traces qu’il eût été préférable d’effacer. Sur place, outre les cages, les forces de l’ordre avaient en effet réquisitionné quelques appareils d’analyse abandonnés en panique par les derniers occupants. Ceux-ci avaient été utilisés, semble-t-il, dans le cadre de tests menés par la Team Mercure sur les Mercuroball de la Mercury Corp. Malheureusement, aucun des résultats d’analyse n’avait pu être récupéré, tous les papiers ayant été emportés dans le déménagement précipité des membres Mercure. Cependant, après avoir examiné lesdits appareils, les experts scientifiques de la Police leukosienne avaient commencé à émettre des doutes sur les méthodes de fabrication des Mercuroball et leur étonnante efficacité sur les Pokémon. Ils pensaient que leur utilisation pourrait être à l’origine d’éventuels effets secondaires néfastes sur ces derniers. Malheureusement, n’étant pas en possession des résultats d’analyse, ils n’avaient actuellement aucune preuve concrète pour étayer leurs soupçons. Les appareils confisqués serviraient, avait-il été annoncé, dans le cadre d’une recherche approfondie sur les Mercuroball, financée par l’état leukosien. Celle-ci promettait d’être longue, compte tenu de la rapidité habituelle du gouvernement. Du côté de l’Entreprise Mercury, ça avait été le silence radio un moment, jusqu’à ce qu’ils déclarent que leur Ball, à la sortie de leurs ateliers de production, était sans danger aucun, en accord avec les normes et procédures de contrôle en vigueur dans le milieu. Si de quelconques analyses révélaient le contraire, c’était assurément la conséquence d’une modification éhontée de leur produit par les bandits de la Team Mercure. La commission scientifique rassemblée dans le cadre de la recherche menée sur les Mercuroball avait pris le soin de collecter des échantillons des deux natures : d’une part des Balls sortant fraîchement des ateliers de production de l’Entreprise Mercury, de l’autre celles qui avaient pu être prélevées dans les ruines de la base abandonnée. Il ne restait plus qu’à attendre les résultats de l’enquête.

- Dans un an ou deux, maugréa Alec en refermant la page du Leukos Channel News sur laquelle il naviguait.

Affaire à suivre.

Ce qu’il savait, c’est qu’ils n’en avaient pas encore fini avec la Team Mercure.]

Il détacha les yeux de son Capstick, but une gorgée de jus de baies Framby et s’adossa contre la chaise sur laquelle il était assis, dans un bar de Riveflot. Ernest était près de lui quelques secondes plus tôt, mais il n’avait pu rester en place plus longtemps et était parti se défouler dans les bois voisins. Quelle différence ! Après la mission de sauvetage aux Chutes Arc-en-ciel, Flagada avait évolué en Vigoroth et s’était transformé en redoutable Pokémon Partenaire. Son caractère avait changé du tout au tout et il s’accordait désormais bien mieux avec celui d’Alec, qui en vint à apprécier réellement le Pokémon et à abandonner le sobriquet “Flagada” pour s’en tenir à “Ern’” ou “‘Nest” pour s’adresser à son Partenaire. Lors de la mission, Alec savait que le moment de l’évolution était proche, et il l’avait attendu et espéré. Le déclic ne s’était malheureusement pas produit à l’instant critique du combat contre Démanta, mais les évènements du sauvetage avaient radicalement fait mûrir Ernest et le rouquin ne s’étonna donc pas de le voir évoluer dans les jours qui suivirent. Il ne pouvait être plus réjoui qu’Ernest se décide enfin à passer au niveau supérieur. En revanche…

D’une certaine façon, les Vigoroth étaient aussi damnés que les Parecool, tout en faisant montre du vice inverse : l’excitation et la vigueur remplaçaient la flemmardise et la somnolence. Sa nouvelle condition amenait également son lot d’ennuis : le coeur du Vigoroth bat à une vitesse telle que son sang bout constamment et, ce faisant, l'empêche de rester trop longtemps immobile. En restant passif, le stress causé par son état physique le rend particulièrement irritable. Il a donc un besoin continuel de se défouler, et ne supporte pas l'idée de rester sans rien faire. En cela, Ernest devenait étonnamment proche d’Alec, même si ce goût pour l’action n’était pas lié, chez le rouquin, à une absolue nécessité métabolique. La vigueur du Pokémon était telle qu’elle empêchait bien souvent Ernest de trouver le sommeil, à moins qu’il n’ait effectué une course d’une cinquantaine de kilomètres avant d’aller se coucher. Même si sa condition pouvait le rendre pénible, Alec l’aimait bien mieux en tant que Vigoroth qu’en tant que Parecool. Du reste, il conservait tout de même quelques caractéristiques de son ancienne forme : un Pokémon naturellement généreux et dévoué, traits que le rouquin avait eu beaucoup de mal à relever, compte tenu des inimitiés qu’il partageait alors avec la bête.

Ernest avait désormais pris l’habitude de sa nouvelle condition. Cela faisait un mois et demi qu’il avait évolué et il avait eu le temps de prendre ses marques, d’abord celles de son corps, ensuite celles de la Base de Riveflot et du quotidien de Pokémon Ranger là-bas. Alec aussi, depuis juin dernier, avait eu le temps de se refaire la main. Enfin revenu au sein de la base de Riveflot, il devait à nouveau faire ses preuves auprès de Logan Figgs. Il devait regagner sa confiance afin, d’une part, de récupérer son grade, qu’il avait perdu en même temps qu'il avait été mis à pied, d’autre part de poursuivre sa carrière et de grimper les échelons. Ses objectifs pour le reste de l’année et pour l'année prochaine se résumaient à cela : prouver sa valeur à Figgs et devenir Chef d’équipe.

Oh ça, et récupérer son Pokémon Partenaire : Sylve. Le 19 septembre 2016… Cela faisait plus d’un an, - un an et deux mois exactement -, que son Pokémon lui avait été retiré. Le Ranger en parlait rarement, mais c’était toujours une immense peine pour lui, un trou béant qui trônait dans son coeur et dans son âme et que rien ne pouvait combler, pas même le fulgurant Ernest qu’il avait à présent pour coéquipier. Logan Figgs s’était bien gardé de lui dire où Sylve avait été réaffectée, - si seulement il le savait, mais Alec était sûr qu’il le savait -, que cela ait été intentionnel ou non. Lui-même en tout cas, par ses connaissances en interne, n’avait rien pu apprendre. Elle était soit à Aurapolis, soit à Silvilla, soit à Lacomire. Ou bien alors… Non, ils ne l’auraient pas envoyée à l’étranger. … Si ? Il arrivait que les Fédérations Ranger de contrées voisines s’échangent hommes et Pokémon, mais cela restait marginal. Il espérait que Sylve ne fasse pas partie de ce faible pourcentage. Elle était douée dans son métier, elle ferait un allié de choix pour n’importe quel Ranger. Non, non, il refusait de l’accepter.

- Je la récupérerai, murmura-t-il avant d’engloutir le reste de son verre.

Il quitta la table, alla régler l’addition, puis quitta le bar en prenant la direction de la base. Ernest rentrerait quand il serait fatigué, c’est une habitude qu’il avait prise et que le rouquin comprenait et acceptait. Lui, en revanche, n’avait plus rien à faire dehors et, puisque le soleil se couchait, il se décidait à rentrer.

Quand il avait réintégré l’équipe de Riveflot, Alec avait été accueilli avec chaleur par la plupart de ses coéquipiers. Pas tous, cependant : la droite Marion et le prude Ethan avaient gardé leurs distances avec lui. Cela ne l’avait pas beaucoup étonné, c’était dans leur nature d’éviter les problèmes, et Alec était pour eux un élément incertain, un atome instable qu’il valait mieux ne pas fréquenter. Peu importe. Mathis, Lenny, Kenzo, Sophia, Chloé, les autres en somme, les autres l’acceptaient, même s’ils ne lui pardonnaient pas son acte insensé et déplacé. Pour l’instant, ça lui suffisait. Il comptait bien travailler à rebâtir la confiance qu’il avait fait éclater en mille morceaux. Toute son année 2018 serait consacrée à ça.

À son job et à Sylve.