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Wildcards - Ensemble [Ep.3] - Partie 1 (texte)

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Daegann's avatar
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Literature Text

I

Hell-point, Mai 2517


Une soirée holo entre filles avant de partir chasser quelques primes. C’était le plan et cela convenait parfaitement à Azylis. Elle était arrivée – avec un peu de retard – avait joué un moment avec Zoé et Warren à Zenta Kart ; puis ce dernier fut envoyé se coucher et elle se retrouva seule avec la punk.

Après une rapide discussion, elles décidèrent de poursuivre la soirée en regardant The warrior apprentice, un de leurs holos de SF préférés. C’était la première fois qu’elles le regardaient ensemble et la rousse était aux anges.

- Prête ? demanda Zoé en souriant. Alors c’est parti !

La punk avait pris ses aises et s’était naturellement allongée sur le canapé, les jambes sur l'accoudoir et la tête posée sur les cuisses de son amie. Quelques semaines plus tôt, Azylis n’aurait jamais imaginé pouvoir rester ainsi sans mourir de gêne. Mais, le temps aidant, la jeune femme était de moins en moins intimidée par Zoé. Les deux spectres avaient noué une solide amitié, et leur complicité en était même devenue troublante.

Ce trouble, Azylis l’appréciait autant qu’elle le craignait : peu à peu, elles se rapprochaient – et c’était génial – mais, chaque soir, la rousse s’en voulait de ne pas réussir à avouer ses sentiments. Et plus elle attendait, plus elle avait à perdre. Elle ne voulait pas tout gâcher…

Elle baissa les yeux sur le visage de la punk, comme pour y chercher une réponse à son dilemme. Elle était si craquante, comme ça, la tête posée sur ses genoux…

Absorbée dans sa contemplation, Azylis passa machinalement une main dans les cheveux de son amie. Zoé accepta la caresse en souriant, sans pour autant quitter l’écran holo des yeux.

Est-ce qu’il y a une chance pour qu’elle soit tombée amoureuse de moi ? se demanda Azylis une énième fois.

L’idée lui semblait folle : comment une fille comme Zoé pourrait avoir eu le coup de foudre pour une ratée comme elle ? Et pourtant, par moment elles étaient si proches qu’elle en venait à croire que c’était possible. En fait, Azylis l’espérait tellement, qu’elle ne savait plus si elle prenait leur amitié pour des signes qui n’existaient pas, ou s’il y avait vraiment quelque chose de possible entre elles…

Aaaah, geignit-elle mentalement. Si seulement elle pouvait faire le premier pas…

Elle regarda à nouveau Zoé et son cœur se serra. Si seulement elle pouvait la prendre dans ses bras, lui tenir la main, la câliner… Elle se mordit la lèvre inférieure et pris une soudaine inspiration. C’était décidé. Ce soir, elle se lancerait.

La tête soulevée par la brusque respiration d’Azylis, la punk se redressa et observa celle-ci de ses yeux verts clairs.

- Ça va ? s’inquiéta-t-elle. T’as l’air bizarre…
- Euh, oui… non… enfin ça va ! balbutia la rousse en rougissant.
- Tant mieux, parce que cette scène est carrément épique…
- Ha ! Ça c’est sûr ! se reprit Azylis avant d’imiter la voix du mercenaire qui s’en prenait aux amis du héros : On se tire d’ici. Allez mignonne, en route !
- Maintenant, Sergent ! répliqua Zoé en attaquant Azylis avec un coussin.

Les deux amies mimèrent le reste de la scène de combat à grand renfort de chatouilles puis éclatèrent de rire. La soirée continua sur cette lancée, alternant entre moments de concentration, citations, commentaires et rigolades.

Loin des réflexions sur ses sentiments et ceux de son amie, Azylis profitait simplement du moment présent. Elle aurait aimé que cela dure éternellement, mais toutes les bonnes choses avaient une fin et, même en trainant les pieds une fois le film terminé, il arriva le moment où elle dut partir. Pourtant, elle n’en avait vraiment pas envie…

Face à la porte du module-appartement, elle se stoppa. C’était trop bête de partir comme ça !

Aller, Az… se motiva-t-elle. C’est le moment ou jamais !

La jeune spectre prit une longue inspiration puis se retourna pour faire face à Zoé.

- Euh tu sais, je te trouve cool et tout… commença-t-elle maladroitement en sentant ses joues s’enflammer comme jamais. Enfin, euh... Je me demandais... Tu voudrais pas sortir avec moi ?

Azylis ne savait plus où se mettre. Ses joues étaient en feu et son cœur battait à deux cents à l’heure. C’était la pire déclaration qu’elle ait pu imaginer et elle craignait désormais la réaction de Zoé, quelle qu’elle soit…


***


- Tu voudrais pas sortir avec moi ?

Le cœur de Zoé rata un battement. S’il y avait bien une chose à laquelle la punk ne s’attendait pas, c’était bien ça…

Putain, tu me fais quoi, là, Az ? paniqua-t-elle.

Qu’est-ce qu’elle était censée répondre à ça, bordel ? Et Azylis qui attendait, les yeux pleins d’espoir… Comment faire pour ne pas la blesser ?

- Merde… Je pensais qu'on était juste bonnes amies, je cherche pas à...

Zoé ne savait pas quoi dire. Un tourbillon d'émotions se bousculait dans sa tête. Elle était prise de court et n’arrivait plus à raisonner.

- Putain, je… J’ai besoin de réfléchir, je suis désolée…
- Ha ! lança la rouquine d’un ton faussement enjoué. Bien sûr, pas de soucis ! Bon, ben… euh… Je vais y aller… Passe une bonne nuit.
- Toi aussi little bird… fit la punk d’une toute petite voix.

Azylis sortit la tête basse en se mordant les lèvres. La déception, mais aussi l’inquiétude, se lisait sur son visage. En la voyant partir ainsi, Zoé se sentit défaillir. Elle ne voulait pas lui faire de mal…

La punk s’adossa à la porte et se laissa glisser.

- Merde, Az… T’es trop mignonne, mais…

Mais quoi ? La rouquine et sa jolie frimousse l’attiraient depuis longtemps, alors pourquoi ne pas tenter le coup, en fait ?

Zoé repensa à tous leurs moments complices, à la façon qu’elles avaient de se regarder, de rire, de… jouer avec le feu ? Merde, comment elle avait fait pour ne rien voir ?

Depuis combien de temps tu te retiens, Az ? se demanda la punk avec tristesse. Depuis combien de temps je te fais miroiter ça, ma pauvre ?

Elle revit la déclaration de son amie, maladroite, mais venant du cœur. Elle revit ses jolis yeux bleu-gris, pétillants d’espoir… Et elle se revit briser toutes ses illusions en la rejetant… Cette sombre pensée lui fit l’effet d’un coup de poignard en plein cœur.

Et à cet instant, elle réalisa que la rouquine comptait bien plus à ses yeux qu’elle ne l’avait imaginé.

- Putain ! lâcha-t-elle avant de sortir en coup de vent. Je suis vraiment trop conne !


***


Au même moment, sur Eridania, Ako observait les étoiles. La nuit durait déjà depuis près de deux jours standards et l’isolement de sa planque, loin de toute source de pollution lumineuse, lui assurait une vue magnifique sur le Célesta.

Assise ainsi, seule, devant le module poussiéreux qui lui servait d’abris, elle se demanda quelle vie elle aurait pu avoir si elle n’avait pas été forcée de quitter la Nation daeyaméenne, quelques années plus tôt. Une vie rangée ? Non, elle n’aurait jamais pu troquer sa liberté contre un bonheur factice. Tôt ou tard, elle aurait été considérée comme dissidente et aurait dû quitter sa planète…

La ghostrunneuse soupira et se leva. Il faisait froid et elle en avait assez de porter ce masque pour ne pas respirer l’air vicié de cette maudite planète.

Une fois rentrée, Ako fut soudainement prise de nausée. Elle se débarrassa du respirateur qu’elle avait sur le nez et alla se passer de l’eau sur le visage. Lorsqu’elle releva la tête, ses yeux cybernétiques se posèrent sur son reflet dans le miroir. Elle y semblait calme. Pourtant, elle se savait tendue… et enceinte, ce qui ne l’aidait pas beaucoup.

C’était un imprévu qui tombait mal – comme si cela pouvait bien tomber – et, quand tout serait fini, elle se ferait avorter. Mais, pour le moment, elle devait faire avec et rester concentrée sur l’objectif.

Grâce à la pile corticale que Lenny avait récupérée sur le corps de Dunn, elle avait passé ces dernières semaines à remonter la piste du fixer. Elle était alors tombé sur une clinique privée qui – elle en avait eu la confirmation – abritait un centre de résurrection clandestin. C’était là que l’Ame numérisée de Dunn avait été chargée dans une copie biocybernétique de son propre corps. Et c’était là qu’il fallait agir pour empêcher que cela ne se reproduise.

Lenny avait planché sur la question et, si tout se passait bien, demain Dunn serait de l’histoire ancienne. Mais pour cela, il fallait au spectre un alibi, une raison d’intervenir là-bas… Comme par exemple, la présence d’un criminel recherché.

Et justement, d’après les informations qu’Ako avait réussi à pirater dans les systèmes de la clinique, un mercenaire ayant une prime sur la tête devait venir se faire poser de nouveaux implants biocybernétiques dans la nuit. Son arrivée marquerait alors le coup d’envoi de l’opération.

Ako s’aspergea une nouvelle fois d’eau, puis se dirigea vers le petit salon du module. En attendant de savoir si le mercenaire allait se montrer, travailler sur l’amélioration du châssis de Koma l’aiderait à occuper son esprit.

La Daeyaméenne n’eut cependant pas le temps de s’installer qu’elle recevait le signal tant attendu. Sans perdre un instant, elle contacta Lenny.

- Dis-moi qu’il est enfin arrivé s’il te plait, demanda l’ancien ghostrunner en prenant l’appel.
- Oui, confirma Ako. Je viens d’avoir l’information. Chambre 205.
- Parfait.

Ako pouvait percevoir le soulagement dans la voix de Lenny.

- Et Dunn ? poursuivit-il.
- Aucune nouvelle, répondit la ghostrunneuse. Mais ma surveillance est limitée. Ils peuvent très bien l’avoir rechargé dans un nouveau corps sans que je le sache…
- Je sais, ne t’en fais pas, la rassura Lenny. Mes leurres devraient suffire à leur faire croire qu’il est en vie encore pour un moment, mais ça ne durera plus longtemps.
- Demain ça n’aura plus d’importance, déclara Ako. Tout est prêt de ton côté ?
- Oui, comme je te l’avais dit, j’ai demandé un coup de main à deux amies. Je leur fais confiance. Et puis, elles forment une bonne équipe.


***


Dans les couloirs de Hell-point, Azylis marchait avec une boule au ventre. La réponse de Zoé n’arrêtait pas de tourner en boucle dans sa tête : "je pensais qu’on était juste bonnes amies", "je cherche pas à…". Elle en était malade rien que d’y repenser.

Elle avait tout gâché et en avait les larmes aux yeux. Comment regarder la punk en face après ça ? Elle ne pourrait plus jamais rire avec elle ou lui sourire sans qu’un malaise ne s’installe…

Quelle idiote ! Comment avait-elle pu croire qu’elle avait une chance… Et comment pouvait-elle rattraper le coup maintenant ? Lui dire que c’était une blague ? Et qu’en plus elle n’était même pas intéressée par les filles, alors, vraiment, il ne fallait pas faire attention à ce qu’elle avait dit ? Ou alors… lui dire qu’elle n’avait pas compris et qu’en fait, elle voulait juste sortir prendre un dernier verre ?

Aaaah, c’est nul ! se lamenta-t-elle avant d’apercevoir Ramrod se diriger vers elle d’un pas déterminé.

Oubliant momentanément ses soucis, Azylis s’immobilisa. Le spectre aux yeux noirs avait l’air d’un dément et, à cet instant encore plus que d’habitude, il lui faisait peur.

Une fois au contact, il la poussa sans ménagement. Déséquilibrée, la jeune femme tomba sur les fesses.

- T’es fière de toi ? T’aimes jouer les héroïnes ? l’agressa-t-il en la toisant de toute sa hauteur. Je vais t’apprendre, moi, à toucher aux primes des autres.

Azylis ne savait pas quoi répondre, elle était terrifiée. Et alors que le spectre s’était certainement mis dans l’idée de la relever pour lui faire passer un mauvais quart d’heure, Zoé s’interposa.

Azylis retint son souffle. La punk était sortie de nulle part et se tenait désormais entre elle et son agresseur. Elle le tenait en respect rien qu’en le regardant dans le noir des yeux avec un air de défi. Elle assurait vraiment un max !

- Lâche-là, Ramrod, lui demanda-t-elle avec fermeté. Rentre chez toi.

Autour d’eux, le temps sembla se figer. Une impression renforcée par les quelques spectres qui s’étaient arrêtés pour voir la tournure qu’allaient prendre les événements. Ramrod, lui, fixait Zoé d’un air mauvais. S’il avait pu la briser, il n’aurait certainement pas hésité bien longtemps. Mais la punk ne cillait pas et il détourna finalement son regard pour faire le tour des curieux avant de reposer ses yeux sur Azylis.

Celle-ci sentit un frisson lui parcourir l’échine.

- Recommence et tu regretteras.

Elle déglutit avec difficulté. Elle n’avait aucun doute sur ses capacités à mettre cette menace à exécution. Elle savait qu’il y prendrait même beaucoup de plaisir… L’attention du spectre ne s’attarda toutefois pas sur elle et revint à Zoé.

- Toi aussi, Summers, cracha-t-il. Tu ferais bien de faire gaffe à tes arrières à partir de maintenant.

Il recula de deux pas, puis leur tourna finalement le dos et s’en alla. Zoé l’observa sans bouger jusqu’à ce qu’il disparaisse au détour d’une coursive. Soulagée, Azylis se releva et vint se placer à côté de son amie.

- Wouhou ! Comment t’as assuré ! fanfaronna-t-elle. Ha, il fait moins le malin face à toi !
- Ce connard me fait flipper, Az, déclara Zoé très sérieusement. C’est un putain de psychopathe. Il a pas de limite…

Azylis vit ensuite la punk sortir un hyppospray de sa poche et se l’appliquer dans le cou. La rousse l’avait déjà vu faire, cela voulait dire que ses nano-réflexes s’étaient déclenchés. Certainement sous l’effet du stress…

- Merci d’être intervenue, fit Azylis, un peu honteuse.
- T’inquiète, éluda Zoé. Il te voulait quoi ce connard ?
- Ben…
- Non attends, pas ici, l’interrompit Zoé en l’attrapant par la main pour l’entrainer. Les murs ont des oreilles… Allons plutôt dans ta cabine.


***


Non loin de là, Lenny était allongé sur sa couchette. Le regard dans le vide, il repensait à l’attaque prévue pour le lendemain, rejouant mentalement son plan en boucle pour vérifier s’il n’avait rien oublié. Il essayait d’imaginer tous les cas de figure, toutes les possibilités… Mais il y avait trop d’inconnues, ça lui prenait la tête.

L’ancien ghostrunner ferma les yeux et tenta de se vider l’esprit. Mieux valait profiter de ce dernier moment de répit pour dormir et être en forme le lendemain.

Au bout de cinq minutes, il changea de position. Puis il attendit, espérant ainsi réussir à trouver le sommeil. Quelques minutes plus tard, il soupira, se redressa et regarda son oreiller d’un air blasé.

Il se demanda ce que faisait Ako. Il hésita à lui envoyer un message, mais se ravisa. A la place, il se leva et marcha un peu dans sa petite cabine. Il se recoucha une minute plus tard.

Nouvelle tentative, nouvel échec : le plan, toujours le plan. En boucle.

- Fais chier, souffla-t-il en se relevant encore une fois.

Il se rhabilla et sortit dans les couloirs de la station, les mains dans les poches. Quitte à ne pas dormir, autant aller retrouver Ty ou Gaëlle au Cantina Bar…

J’espère juste qu’Az et Zoé arrivent à se reposer mieux que moi…


***


Devant la porte de sa cabine, Azylis commençait à sentir la pression monter. Comment devait-elle se comporter avec Zoé ? Que faire si un blanc s’installait ?

Elle se posait toujours la question lorsque la porte s’ouvrit et crut mourir de honte en voyant l’état du module. Elle n’avait pas prévu la venue de la punk, et ses vêtements – et sous-vêtements – étaient éparpillés au sol. Il en allait de même pour un certain nombre de canettes de Füze Coke vides, le contenu de la boite de céréales renversé un peu plus tôt dans la journée et un tas d’autres petites choses pas rangées…

- Alors ? demanda Zoé sans lui laisser le temps de trouver une excuse pour le bazar ambiant. Pourquoi l’autre connard était dans cet état ?

Heureuse d’avoir un sujet auquel se raccrocher, mais se sentant fautive, la rousse expliqua, un peu gênée :

- J’ai été livrer à sa place un type qu’il avait capturé… Sans qu’il le sache.
- Sans déconner ?! s’amusa la punk. Mais comment t’as fait ça ?
- Ben, je l’ai croisé cet après-midi, avant de venir chez toi, raconta Azylis, sans même se rendre compte qu’elle avait retrouvé son ton naturel. Il était avec ce type dont je t’ai parlé, celui que j’ai sauvé sans faire exprès, sur Yarenn…
- Johnson ?
- Oui, Johnson. Il l’avait capturé, mais il l’emmenait pas au bureau des primes. Ça m’a semblé bizarre alors je les ai suivis…
- Et tu l’as embarqué quand l’autre connard regardait ailleurs ? plaisanta Zoé.
- Ben, on peut dire ça…
- Sérieux ?!
- Bah, Ramrod l’a emmené dans un local technique, et puis au bout d’un moment, je l'ai vu ressortir sans lui… C'était louche alors je suis allé voir.
- Au bout d’un moment ? fit la punk en donnant un coup de coude complice à Azylis. Allez, avoue. T’as poireauté combien de temps avant qu’il se barre ?
- Euh… hésita la rousse d’un air coupable. Une petite heure ?
- Hahaha ! Putain, tu lâches rien, toi ! s’esclaffa Zoé. En tout cas, je comprends mieux sa réaction… Et t’inquiète pas, t’as assuré. Ça lui fait les pieds à ce connard.

Azylis ne savait pas quoi répondre, ni comment réagir. Zoé l’observait en souriant et elle, elle n’arrivait de nouveau plus à être naturelle. Elle sentait qu’un silence gêné allait s’installer, alors, sans trop réfléchir, elle se lança dans une tentative désespérée pour sauver les meubles.

- Tu sais, pour ce que je t’ai demandé tout à l’heure… commença-t-elle, mal à l’aise. Je voulais pas… euh… enfin… c’était juste pour prendre un verre et…

Elle s’enfonçait. Elle creusait, même, elle le savait. Et le sourire moqueur qui était né sur le visage de Zoé la déstabilisait encore un peu plus : ce n’était pas drôle, mais elle se retenait pour ne pas éclater de rire…

- Aaaah, la honte… se lamenta-t-elle, un sourire nerveux aux lèvres. Tu dois vraiment me trouver trop nulle…
- Dis pas ça, répondit gentiment la punk. Ça m’énerve quand tu dis que t’es nulle.

Prise de doutes, Azylis fronça les sourcils tandis qu’une vague de sentiments contradictoires s’entrechoquaient en elle. Peut-être qu’elles pourraient rester amies finalement. Et peut-être même toujours aussi proche qu’avant, qui sait ? Mais elle ne voulait pas s’emballer, elle ne voulait pas tomber de trop haut…

Et c’est alors que, passé ce moment de flottement, la punk reprit innocemment sur le ton de la discussion :

- T’as déjà embrassé une fille ?

Azylis redressa la tête en écarquillant les yeux. Cette fois, impossible de contenir ses émotions. Prise de vertige sous l’effet soudain de l’excitation, elle se trouva à deux doigts de défaillir. Si c’était une blague… Mais non, le regard de Zoé ne trompait pas…

- Euh… Non ! parvint-elle à articuler, un peu paniquée.
- Tu veux essayer ? s’empressa de lâcher Zoé en arborant le sourire espiègle qui faisait tant craquer Azylis.

C’en était trop. Le cœur de la rousse n’avait jamais battu aussi vite et ses joues étaient en feu. Le message était pourtant clair, mais elle ne parvenait pas à y croire : est-ce que la punk était vraiment en train de lui faire comprendre qu’il pouvait y avoir quelque chose entre elles ?

- A… avec toi ?! M… maintenant ? fit-elle pleine d’espoir.
- Tu veux ? redemanda Zoé en s’avançant et en prenant les mains d’Azylis dans les siennes.
- Oui !

C’était un cri du cœur. La jeune femme était si excitée et si tendue qu’elle remarqua à peine la punk se rapprocher. Puis leurs lèvres se rencontrèrent et Azylis réalisa que tout cela n’était pas un rêve, que ça se passait vraiment.

Elle sentit la langue de Zoé trouver la sienne et tenta timidement de la capturer en retour. La sensation était délicieuse. Elle ferma les yeux et s’abandonna totalement, profitant au maximum du plaisir que ce baiser lui procurait.

Le temps s’étira – autant que possible – puis leurs lèvres se décollèrent. Les deux amies se regardèrent, sourirent à l’unisson puis s’embrassèrent à nouveau. Azylis lâcha les mains de la punk pour l’enlacer, et sentit les paumes de sa partenaire s’accaparer tendrement son visage. Peu à peu, leur étreinte se transforma en une profusion de baisers passionnés, entrecoupés de chatouilles et de rires complices.

- C’est encore mieux que dans mes rêves, murmura Azylis avec le sourire, après s’être légèrement écartée.
- Et encore, t’as pas tout vu, répondit Zoé en l’attirant à elle pour l’embrasser dans le cou. Nous deux, ça va être épique !

Plus que soulagée, la rousse se sentait à nouveau elle-même. Elle avait retrouvé toute la complicité de son amie… avec un truc en plus. Un truc excitant qui la rendait totalement euphorique…
--- WILDCARDS ---





Mélange de cyberpunk et de space opera, Wildcards fait partie de l'univers de Spectres, un jeu de rôle amateur illustré par plusieurs nouvelles dont la série "Chroniques de Spectres" ou la BD "Artificial Freedom".



--- UN PETIT MOT SUR L'EPISODE ---


Cette fois c'est décidé, Azylis compte bien profiter de la dernière soirée holo avant d'aider Lenny pour se déclarer. Mais est-elle prête à entendre la réponse de Zoé ?

En tout cas, n'hésitez surtout pas à laisser un petit mot (ou mieux : un long commentaire !) si vous avez lu. Ces petits messages et nos échanges qui peuvent en découler sont vraiment important pour moi car ils me permettent de m'interroger, de savoir ce qui plait ou non et sont, au final, toujours une source de motivation. Donc un énorme merci à tous ceux qui laisseront un commentaire ici ! :hug:
© 2018 - 2024 Daegann
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epsilonsagittae's avatar

Ah ! Zoé ne mets pas que les pieds sur les tables basses : elle peut aussi les mettre sur l’accoudoir pour varier ! ;)


Je vois ce que tu veux dire, maintenant, par « évolution trop brutale », mais je trouve que ça passe parce que tu le justifie en racontant qu’elles se sont rapprochées et devenues avec le temps, et puis, on ne sait pas exactement « combien de temps » ça a pris, puis Az était déjà amoureuse depuis un moment, et là elle en est à la déclaration, je veux dire, tu ne nous les as pas mises ensemble sans nous dire comment c’était arrivé non plus ! ;)

Donc c’est un peu rapide en terme de nombre de chapitres où on les voit mais pas tant sur le scénario je trouve ( sauf si tu me dis que ça se passe en moins d’une semaine mais bon rien ne le rend obligatoire dans ce qui est écrit xD).


« elle se savait tendue… et enceinte, ce qui ne l’aidait pas beaucoup.

C’était un imprévu qui tombait mal » -> Ah oui ! Si c’était pas prévu ça peut un peu (beaucoup ?) tomber mal ! xD


J’imagine bien Lenny se réveiller et regarder son oreiller d’un air blasé parce qu’il n’arrive pas à dormir !


Oh ! C’est mignon, ça va un peu vite mais Zoé a plus d’expérience que Az en la matière, et plus de maturité (vu qu'elle s'occupe seule de son petit frère), elle a l'air de prendre la responsabilité comme quoi elle a laissé les choses arriver jusque là, et que de toute façon elle apprécie Az, puis elles n’ont pas 14 ans non plus (je pense ?) puis elles ont chacune leur caractère alors pourquoi pas ? ^^ En fait, avant de les connaître ( mais ayant vu des images) j’étais pas sûre qu’elles aille bien ensemble tellement on les croit différentes au début puis petit à petit on se rend compte que Zoé n’est pas parfaite et inaccessible, et Az pas si nulle, du coup elles ont des points communs que tu montres assez vite ( les séries , le Fuze coke….) et des différences, et en fin de compte je trouve qu’elles vont bien ensemble ! ^^