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Guerison ch8a

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"Ça fait vraiment beaucoup de pots…" commenta Dia en regardant Fadeh étiqueter les derniers contenants en terre cuite. "Est-ce que tu vas emmener tout ça au marché?"

Fadeh lui avait expliqué le concept dans les jours précédents.

Le plancher de la chambre était impraticable. Une grande partie était couverte de pots nouvellement scellés, le reste, de piles de plantes liées ensemble en petits bouquets, et pour finir de bloquer entièrement l'espace, un coin de la pièce était encombré de tiges épineuses blanches, dont Dia savait qu'il devait se tenir loin.

Les fenêtres étaient réouvertes depuis un peu plus d'une semaine et le chat autorisé à entrer et sortir librement pour explorer le domaine, et c'était aussi à ce moment que Fadeh avait intensifié ses collectes et sa production de baumes et préparations.

"La plupart, oui." confirma le soignant. "Je vais pouvoir faire de la place et aller ranger tout ça dans le chariot, pour partir tôt demain. Le reste nous servira de réserves pour les prochaines saisons. En espérant que je retrouve des algues avant le printemps..."

Dia grogna dans son oreiller.
Bien sûr qu'il avait fini ses algues. Il s'en désolait à voix haute depuis la veille. Il avait même dû utiliser des alternatives pour pouvoir finir le contenu des derniers pots, non sans s'en plaindre.

"Tu demanderas s'ils ont du viande aussi?"
"Oui, j'essaierai de t'en trouver. Je sais que tu te lasses des œufs."

Une ride apparut sur le front du naga.
"Non, ce n'est pas ça. Je ne veux plus manger ton part…"
"Je t'ai dit que ce n'était pas grave. C'est l'été, il y a des fruits et des légumes, j'ai de quoi manger."
"Mais quand même..."
"Femelle."

Dia releva la tête, l'air confus.
"Pourquoi?"
"Parce que tu t'inquiètes au lieu de m'écouter. Ils auront de la viande, mais je ne sais pas combien je pourrai en ramener. Elle ne se gardera pas longtemps."
"Je t'ai dit que je pouvais manger du viande pas frais."
"Je ne veux pas que l'odeur attire tous les prédateurs alentour, et même pour nous, ce n'est pas agréable. Est-ce que... si je ramène une grande quantité tu pourras tout manger d'un coup? C'est possible? Et rester longtemps sans manger après?"
"Ça… dépend." dit Dia avec précaution. "Grand comment?"
"Hmm, disons, un mouton entier?"

Le naga se tendit visiblement. Son débit de parole ralentit davantage.
"En théorie... c'est possible... mais... ça ne veut pas dire-..."

Dia s'interrompit.
Fadeh attendait la suite, mais elle ne vint pas.
"Ça te concerne directement!" lui rappela-t-il.
"Je... J'ai besoin de réfléchir un moment..." dit Dia avant de se retourner face au mur et de cacher entièrement son visage.

Le soignant reporta son attention sur ce qui l'entourait, et commença à rassembler tous les bouquets par type de plante.

"Fadeh!" leur parvint la voix de Dalissa depuis l'autre pièce. "J'ai besoin de tes yeux une minute!"
"J'arrive!"

Fadeh se fraya un chemin parmi les obstacles au sol, miraculeusement sans renverser quoi que ce soit, pour aller retrouver Dalissa dans la salle principale.

"Qu'y a-t-il?"

La soignante pointait du doigt quelque chose dehors, par la fenêtre.
"Qu'est-ce que tu vois dans la bouche du chat là-bas? C'est un de mes poussins?"

Il y avait encore eu une nouvelle couvée récemment.

Fadeh suivit son regard et plissa les yeux.
La grande minette tigrée avait attrapé quelque chose et le lançait en l'air.
"On dirait...un rat?"
"Tu es sûr?"
"Oui. Je vois clairement une queue et des poils bruns. Une très grosse queue d'ailleurs... Elle chasse à sa taille, c'est bon à savoir."
"Je préfère ça. Tu iras quand même vérifier les protections autour du poulailler avant de partir?"
"Oui, Dalissa..."


A son retour, il finit de regrouper les bouquets, et chargea soigneusement les pots dans des caisses de transport.

"J'ai décidé." Fadeh entendit derrière lui.

Dia avait émergé de sous son drap.
"Ce que tu demandais plus tôt... C'est possible, et j'accepte de manger ton mouton."
"Pourquoi tu refuserais?" demanda Fadeh, confus.
"Je n'aime pas faire comme ça... mais... c'est ce qui sera le plus pratique pour toi, alors c'est mon tour de faire des efforts."
"...Très généreux. Et combien de temps est-ce que tu pourrais rester sans manger après ça?"
"Jusqu'au printemps. Mais trouve un mouton plutôt frais alors."
"Je ferai de mon mieux."

Fadeh termina ses caisses et alla les transporter jusqu'à l'arrière du chariot dans la grange.

"Et les trucs blancs, c'est pour quoi?" interrogea Dia, qui surveillait les tiges menaçantes du coin de l'œil.
"Je vais les découper, et les emmener aussi. Ça se vend très bien une fois préparé."
"Tu reviens quand?"
"Je serai absent pendant 4 jours complets. Je rentrerai soit dans la nuit, soit à l'aube. J'apprécierais si Dalissa et toi restiez civils en mon absence."
"C'est au vieux que tu devrais le dire. Quatre jours c'est long... Je ne lui fais pas vraiment confiance."
"Je suis sûr que vous vous ignorerez comme d'habitude. Ça fera une belle pause bien méritée dans ton traitement."
"Je ne veux pas de pause... On gaspille du temps!"
"Alors tu pourras tenter de demander très poliment à Dalissa."
"Il ne m'aidera pas."
"Tout dépendra de la façon dont tu lui demanderas."
"Il déteste les nagas, comme tous les humains."

Fadeh répondit par un regard appuyé.
Dia s'écrasa un peu plus à plat sur le lit et finit par grommeler:
"Je ne lui demanderai pas."
"Fais comme tu veux."


***


Comme annoncé, le lendemain à l’aube, alors qu’il était prêt à partir avec le chariot attelé et rempli et qu’il avait enfilé ses vêtements de voyage, Fadeh repassa une dernière fois dans la maison donner à Dia sa dose de baume.

Il lui secoua l'épaule.
Dia maugréa son mécontentement à être ainsi tiré de son sommeil.
"Tu pourrais faire ççça pendant que je dors. Pourquoi toujours me réveiller?"

Fadeh fut pris de court par la question, le pot à la main. Il chercha ses mots.
"C'est une très mauvaise idée, après ce que tu as vécu. Je ne veux pas te surprendre. Tu pourrais ne pas me reconnaître et m'attaquer."

Dia bailla.
"Je reconnais ton faççon de me toucher. Tu peux esssayer, le prochain fois, tant que je ssuis désarmé..."

Il remua vaguement ses moignons.
Fadeh n'était pas convaincu, surtout depuis qu'il pensait Dia venimeux. Et d'autant plus que lorsqu'il le réveillait comme ça, Dia n'avait pas l'occasion de mordre dans un linge avant qu'il ne l'approche. Il lui adressa un sourire neutre.
"On verra. Attention..."

Le soignant traita rapidement ses bras.

"Tu pars?"
"Oui. On se revoit dans quatre jours. Tu as des œufs sur la table. Sois sage."
"Mmm."

Le naga se rendormit vite, et Fadeh prit la route.



La Grand-Route était déserte en cette heure matinale et le resta pendant près de la moitié de la journée.
À presque mi-distance de la cité Torrande, Fadeh commença à apercevoir d’autres carrioles, et même quelques voyageurs à pied, habitants des territoires bordant la route, qui se déplaçaient dans les deux directions. Un rare cavalier s'ajoutait par moment au trafic.

Fadeh reconnut un centaure familier un peu plus loin sur la route, un autre habitué des marchés, qui avançait dans la même direction que lui en tirant ses propres marchandises. Le centaure était présentement occupé à intimider un des cavaliers jusqu'à ce que l'elfe descende de cheval et poursuive à pied à côté de sa monture.
Fadeh héla le centaure et ils continuèrent le voyage ensemble.

Sur les conseils du centaure, ils s'arrêtèrent pour camper sur le bord de la route, à deux heures de distance de la cité.  

Fadeh l'avait oublié, mais c'était une nuit de pleine lune, et le centaure ne tenait pas à se trouver là où il y avait trop de monde lorsque la lune faisait ressortir le pire des gens - lui-même étant déjà bien plus énervé contre les cavaliers que d'ordinaire.

Avant de s'endormir dans l'herbe, Fadeh eut une petite pensée pour Dia et Dalissa.


***


A l'aube, ils finirent le chemin ensemble jusqu’au mur de la cité.

Un haut mur de pierre délimitait le territoire entier de la cité et ses campagnes des territoires adjacents. Au pied de ce mur, près de la seule porte d'accès, s'était formé l’équivalent d’un village: des auberges et des tavernes, des bordels et des artisans.
La cité Torrande avait une règle inhabituelle: les visiteurs n’avaient pas le droit de rester dans son territoire la nuit. Cette mesure était supposée réduire les troubles, mais elle avait donné naissance à cet espace sans supervision, peuplé d'immigrants humains, elfes et métamorphes, en attente de devenir citoyens et de voyageurs.
On pouvait aussi trouver toutes sortes de distractions et services attrayants pour ceux qui attendaient de franchir les portes du territoire.

Fadeh laissa le centaure se joindre à la file d'attente le temps de faire un petit détour par l'une des auberges pour réserver une chambre pour les deux prochaines nuits et une place gardée dans l'écurie pour son cheval et son chariot.

A la porte, comme toujours, son chariot fut entièrement fouillé par les gardes, on lui demanda s'il connaissait le règlement de la cité, le temps qu'il comptait rester et ses accommodations pour la nuit.

Enfin, on lui remit un jeton en bois gravé, et il fut libre de passer.

Le centaure, pourtant habitué à venir régulièrement lui-aussi, resta bloqué à la porte le temps que le règlement entier lui soit lu du fait de son espèce, et qu'un garde ne ramène un vêtement pour couvrir son torse nu. Il fit signe à Fadeh de ne pas l'attendre.

La cité-même se trouvait droit devant, à quelques centaines de mètres du mur d’enceinte.
Des gardes armés étaient disposés à intervalles réguliers pour dissuader les visiteurs de sortir du chemin. Ils semblaient s’ennuyer profondément.
Il n’y avait pas de nouveau point de contrôle aux portes de la cité, seulement une paire de gardes en hauteur sur le second mur, prête à intervenir en cas de problème.

L’ambiance à l’intérieur était plus agréable, très cosmopolite et bercée par le bruit des vagues et les cris des mouettes remontant depuis le port. Les citoyens se déplaçaient en bavardant joyeusement et se mêlant aux premiers visiteurs du jour. De nombreuses espèces et couleurs de peau étaient représentées. Elfes, humains et métamorphes étaient les plus nombreux, bien sûr, mais on pouvait apercevoir malgré l'heure matinale un centaure et deux nagas, affublés des vêtements ridicules qu'on leur imposait à l'entrée.
La plupart des vendeurs étaient déjà installés. Le peuple marchand des Salamandres, à l'apparence de grenouilles géantes, était présent également avec leurs marchandises étalées sur des tables et leurs chiens loutreux jouant un peu plus loin.

Parfait. Fadeh aurait besoin de leur rendre visite.

Le marché commençait à prendre vie. On pouvait trouver de tout, rassemblé sur la place publique à chaque fin de saison, pendant près de deux semaines. Fruits, légumes, viandes, poissons, bétail, montures, véhicules, équipements en tous genres… A partir de la mi-journée, de la nourriture cuisinée serait aussi en vente.
Divers artisans présentaient et vendaient le fruit de leur travail, hors de leurs ateliers pour une fois.
Quelques tables affichaient des pancartes annonçant la durée de leur présence dans la cité, d’autres qu’ils recherchaient des apprentis.

Fadeh descendit du chariot et mena le cheval par la bride, se dirigeant vers une table en bordure du marché. Deux gardes s’y trouvaient, encadrant un intendant elfe, qui leva les yeux d’un grand rouleau de parchemin qu’il consultait. Son regard passa brièvement sur le cheval et le chariot.
"Venez-vous présenter des marchandises pour le marché?"

Le soignant avait déjà rencontré plusieurs de ses collègues, mais pas encore celui-là.
"Oui, Monsieur." dit-il, présentant le jeton en bois reçu à la suite de l'inspection de son chariot.

L'elfe vérifia l'authenticité du jeton.
"Quelle est la nature de ces marchandises?" poursuivit-il, en plaçant l'objet en bois dans la bourse à la ceinture.
"Onguents et baumes médicinaux, et plantes entières et transformées." répondit Fadeh.

L’intendant prit des notes sur son parchemin.
"Et d’où venez-vous?"
"Centre de soins sur la Grand-Route, en Territoire Neutre, à un jour d’ici vers l'est."
"Vous êtes donc soignant?"
"Oui, Monsieur."

L’elfe leva les yeux et le détailla, s'arrêtant longuement sur ses mains sans rien dire.
Un des gardes intervint en sa faveur pour confirmer qu'il était bien soignant et déjà venu plusieurs fois.
L'intendant reprit:
"Et vous êtes humain, à moins que je ne me trompe?"
"Humain, oui."
"Avez-vous besoin d’une table ou apportez-vous la vôtre?"
"J’ai besoin d’une table."
"L’emplacement et la table vous coûteront 4 pièces par jour. Il est possible de payer après vos premières ventes si vous n'avez pas l'argent d'avance. Un garde va vous escorter jusqu’à l'herboristerie et la maison de soins principale, pour vérification de votre marchandise. Si tout est en ordre, nous installerons votre table, et vous pourrez commencer à présenter vos produits."
"Merci, Monsieur."

Un des gardes conduisit Fadeh d'abord à l'herboristerie. Il le fit attendre devant avec son chariot le temps d'aller quérir le maître des lieux.

L'herboriste était un métamorphe massif qui le dépassait de deux têtes, plein de fourure, et qui avait conservé toute sa force malgré son âge avancé. Fadeh sentit son dos craquer sous son l'étreinte amicale.
"Mon garçon! Dis-moi que tu m'amènes de la Feuille, hein!"
"Je t'amène de la Feuille." dit-il en frottant ses bras.
"Et de la Sanglie?"
"Tu pourrais faire la tienne, fainéant... Mais oui, j'en ai aussi."

La Feuille du Dormeur, souvent appelée seulement "Feuille", était une plante utilisée pour calmer la douleur. La Sanglie était la forme découpée des "trucs blancs", utilisée pour nettoyer le sang des sols et des textiles.

Le métamorphe vérifia la marchandise qui le concernait, comme le protocole le voulait, puis acheta immédiatement une grande quantité de son stock.
Fadeh dut limiter ses ardeurs sur la quantité de Feuille et de Sanglie à lui céder.

"Minou! Viens voir!" cria l'herboriste
"Minou?" répéta Fadeh avec une demi-grimace. "Tu ne te rappelles pas de son nom, c'est ça?"

Il haussa les épaules en réponse.
Une jeune adolescente humaine apparut.
"Ma nouvelle apprentie." déclara fièrement son mentor. "Elle a commencé l'an dernier. Très prometteuse. Minou, je te présente-" il marqua une pause,avant de finalement retrouver dans sa mémoire. "-Fadeh. Le petit apprenti de Malthis. Il lui a tout appris. Un vrai pro maintenant!"
"Elle est probablement trop jeune pour l'avoir connu, tu sais..." fit remarquer Fadeh.
"Il nous fournit en Feuille et en plantes locales mais qu'on ne trouve pas à Torrande. Il fait ses propres baumes aussi."
"Enchantée, Monsieur." dit poliment l'apprentie.
"De même, jeune fille. Tu peux me tutoyer."
"Va ranger tout ça, Minou, tu seras gentille. Les collègues ne sont pas là" reprit l'herboriste. "C'est dommage, ils auraient aimé te voir, je pense."
"Où les as-tu envoyé cette fois?"
"Un est en voyage à la cité Hanorre pour affaires, l'autre est parti récolter dans les campagnes."
"Pour chercher de la Feuille? Il a peu de chances d'en trouver. Il aurait dû venir nous voir."
"Il refuse de s'aventurer hors du territoire de la cité."
"J'espère que ta petite nouvelle sera plus téméraire."
"Oh, oui, elle a peur de rien, Minou!"

Fadeh les laissa pour repartir, toujours escorté de son garde jusqu'à la maison de soins.

Il patienta encore devant le bâtiment, le temps que le garde trouve un soignant disponible suffisamment important pour servir d'expert. Trois d'entre eux arrivèrent à grandes enjambées et l’accueillirent avec une joie non contenue.
Ils approuvèrent sa marchandise, puis lui achetèrent eux aussi une belle portion de ce qu'il avait.

"Nous vous attendions avec impatience." le salua la soignante-en-second, une humaine. "Nos réserves baissaient dangereusement."
"Vous savez que vous pouvez toujours venir demander un dépannage si c'est hors période de marché." dit Fadeh en observant ses collègues décharger leurs nouvelles acquisitions. "Nous ne sommes pas si loin. Qu'est-ce qu'il vous manquait? De la Feuille?"
"Oui, Feuille et Sanglie, surtout. L'herboristerie n'en avait plus non plus."
"Je comprends pour la Feuille, c'est une question de territoire. La Sanglie, par contre... Je ne me plains pas que vous achetiez la mienne, mais vous pourriez facilement faire la vôtre, Surtout ponctuellement, quand vous en manquez. Vous avez tout ce qu'il faut."
"C'est vrai, mais les superstitions ont la vie dure... Personne ne veut manipuler la plante-mère, elle a trop mauvaise réputation. Et quand les apprentis et patients nous demandent l'origine de notre Sanglie 'de notre cimetière' n'est pas une réponse appropriée."
"Qu'est-ce que vous répondez pour la mienne?"
"Qu'elle vient 'de la forêt'."

Fadeh leva les yeux au ciel.
"Ce n'est pas entièrement faux. A part ça, comment s'est passée votre saison des naissances? La nôtre a été affreusement productive."
"Comme d'habitude, nos envoyés dans les campagnes ont eu beaucoup à faire avec le bétail principalement, mais notre maison principale n'a pas été trop dépassée."
"Nous aurons absolument besoin de renfort pour l'année prochaine."
"Entendu. Combien?"
"Un soignant, deux si vous le pouvez."
"J'en parlerai au soignant-en-chef."
"Merci. Savez-vous aussi s'il y a de nouveaux intéressés pour être apprentis chez nous?" se renseigna Fadeh.
"Pas encore, j’en ai peur." répondit la soignante. "Certains sont venus poser des questions, et nous les avons dirigés vers ceux qui ont déjà travaillé chez vous, mais je crois que leur interlocuteur n'a pas dressé un portrait très attrayant de votre centre."

Fadeh grogna de dépit.
"Il reste encore une saison avant qu'ils ne se prononcent. Ne perdez pas espoir. Peut-être inspirerez-vous de nouveaux candidats avec votre stand au marché..."
"Oui, peut-être..." dit-il sans conviction.
"Ou l’an prochain, peut-être?"
"Espérons."

Ils retournèrent sur la place du marché. Le garde confirma à l’intendant que la marchandise -du moins ce qu'il en restait-  avait été approuvée et on lui alloua un emplacement.
"Je vais vous demander de signer le registre des vendeurs et d’inscrire la durée de votre vente. Avez-vous les 4 pièces d’avance?"
"Oui, Monsieur." confirma Fadeh.
"Un de nos jeunes se chargera de mener et veiller votre cheval et votre chariot après votre installation. Un autre sera à votre disposition pour porter des messages ou veiller votre stand si vous vous absentez. Ces services sont compris dans les frais d’emplacement."

Il paya l’intendant, et quelqu’un vint l’aider à monter un petit étal à son emplacement dévolu. Fadeh disposa ses marchandises et écriteaux. Le temps que tout soit en place, le soleil s'élevait déjà bien dans le ciel. Son cheval et chariot furent menés à un enclos réservé aux marchands. Les palefreniers en prendraient soin, il n’avait aucune inquiétude à ce sujet.

Depuis sa position, il avait vue sur un certain nombre des autres stands et leurs marchandises, et envoya le petit coursier prendre des renseignements sur ceux qu'il souhaitait visiter lui-même.

Tout au long de la journée, Fadeh vit plusieurs personnes dans la foule, qui portaient des contusions. Le résultat de la nuit précédente.
Certains se présentèrent à sa table et achetèrent un baume pour les soigner.

Il offrait aussi un service de diagnostic rapide contre une pièce, pour les gens qui hésitaient sur la gravité d'un souci de santé ou d'une blessure; il les redirigeait soit vers la maison de soins pour les cas sérieux, soit leur donnait des instructions pour en prendre soin à la maison pour les cas plus légers.

Le soignant profita des périodes plus calmes de la journée pour s'absenter de son stand et aller faire ses propres achats pour les prochaines saisons.
Il espérait que certains vendeurs absents ce jour seraient là le lendemain.
Aucune trace des algues qu'il recherchait, en revanche, ses négociations pour de la viande de fraîcheur questionnable à bas prix avançaient bien.


Les gardes annoncèrent la fermeture du marché pour la nuit.

Fadeh ré-empaqueta le reste de son stock dans son chariot, à côté de ses nouveaux achats. La place commune servait pour des célébrations et performances d'artistes en soirée. Tous les petits palefreniers étaient venus ramener les animaux de bâts et éventuels chariots à leurs propriétaires, et des adultes aidaient à démonter et ranger les tables louées.

Il restait encore près d'une heure avant que les visiteurs ne soient escortés hors du territoire, mais encombré de son chariot, Fadeh décida de sortir tout de suite retrouver le village à l’entrée.

Il déposa son cheval et son chariot à l'auberge.
La journée avait été bonne pour les affaires. Il avait beaucoup vendu.

Il décida de se faire plaisir, et ressortit en direction des tavernes et des bordels.



Partie 1 sur 2



Je mentionne la pleine lune très rapidement ici. C'est un thème qui a peu d'impact dans Guérison mais sera plus central dans Loi...



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juju712's avatar
Intéressant, vu le style d'histoire je ne m'attendais pas à un développement de monde aussi poussé ici. ça ouvre de bonnes perspectives.